Entretien avec Le Journal du Dimanche (JDD)
10 septembre 2023
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Vous avez rallié Éric Zemmour après avoir quitté la politique. Que répondez-vous à ceux qui doutent de votre engagement ? Dix ans après ma première élection comme députée puis présidente d’un groupe de 40 élus à la région PACA, je suis aujourd’hui maman de deux filles et j’ai fondé une école d’enseignement supérieur. Je crois fondamentalement que la politique peut changer les choses à condition que les Français élisent des hommes et des femmes qui fassent preuve de cohérence ; si je reviens comme candidate aux élections européennes, c’est avec une expérience plus grande et une volonté plus forte que jamais.
Vous partez en campagne très tôt, neuf mois avant les européennes. Pour quelle raison ?
Nous avons l’opportunité historique de faire basculer l’Europe, aujourd’hui tenue par le centre et la gauche, vers une majorité de droite authentique et répondre ainsi à la triple menace que représentent la submersion migratoire, l’islamisation et l’effondrement de la natalité de notre continent. Face à un tel enjeu, nous n’aurons jamais trop de temps pour convaincre les Français.
Qui est votre principal concurrent, le RN Bardella ou le LR Bellamy ?
Je vais être franche : aujourd’hui, ce sont les LR et leur groupe au Parlement européen – le PPE – qui codirigent l’Union européenne avec le centre et la gauche ! Les Français doivent savoir que les élus de M. Ciotti ont placé Ursula von der Leyen à la tête de la Commission, que ses députés européens ont voté, par exemple, la répartition obligatoire des migrants, les sanctions contre les gouvernements conservateurs polonais et hongrois, ou encore les accords commerciaux qui ont ruiné notre industrie et notre agriculture. J’ai de l’estime personnelle pour François-Xavier Bellamy, mais je pense qu’il n’a plus rien à faire chez les LR. Je lance un appel à François-Xavier Bellamy et aux électeurs de LR : rejoignez-nous pour enfin faire respecter la voix de la France en Europe.
Quelle est votre différence ou votre plus-value par rapport au RN et à LR ?
Nous sommes les seuls à dire à la fois qu’un grand remplacement est à l’œuvre, que la France n’a pas vocation à devenir une terre d’islam, que le travail doit payer plus que l’assistanat, que la théorie du genre est une idéologie dangereuse et la GPA une monstruosité. Notre plus-value c’est notre singularité à défendre tous ces sujets sans avoir peur du politiquement correct.
Vous portez une vision plus libérale sur l’économie que le RN. Comment comptez-vous convaincre leur socle d’électeurs ?
Oui, nous défendons la liberté de vivre des fruits de son travail et de les transmettre à ses enfants sans que l’État ne vienne les spolier pour des services publics dégradés, une politique d’assistanat ou le gouffre social de l’immigration massive. Je suis convaincue qu’il y a des millions de Français qui se retrouvent dans ce discours : ceux qui travaillent dur, ceux qui ont le sentiment de toujours payer pour les autres, tous ces milieux de cordée devenus les premiers de corvée. Nous mettrons les mois à venir à profit pour nous faire davantage entendre sur ces thèmes économiques.
Quel est votre projet européen ?
L’Union européenne s’est perdue en chemin. Il faut lui redonner une boussole. Cette boussole, c’est la civilisation européenne. Nous proposerons un projet centré sur la définition, la préservation et la transmission de notre civilisation commune. Définir d’abord, en assumant et affirmant nos racines chrétiennes, en refusant l’islamisation de nos nations. Préserver ensuite, en protégeant nos entreprises, nos frontières et notre indépendance en matière numérique ou agricole notamment. Transmettre enfin, en refusant la repentance et en valorisant notre incroyable patrimoine culturel, architectural, naturel.
Quels sont les grands leaders européens avec lesquels vous travaillez ou souhaitez travailler ?
Nous multiplions les contacts formels ou informels avec les membres du groupe ECR (conservateurs et réformistes européens, droite et droite nationaliste), qui sera certainement le nouveau centre de gravité de la vie politique européenne.
J’ai pour ma part la chance de connaître personnellement plusieurs leaders européens tels que Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien, ou encore Santiago Abascal en Espagne. J’ai aussi été reçue en Hongrie par le Premier ministre Viktor Orbán. Avec eux, pour la première fois, nous pouvons prendre le pouvoir en Europe pour défendre notre civilisation et la liberté des nations.
On vous entend beaucoup sur l’immigration, mais peu sur l’économie. Que proposez-vous sur l’inflation et la hausse du prix de l’essence ?
Le pouvoir d’achat c’est d’abord ce que l’État ne vous prend pas ! La hausse des prix est bien réelle, mais j’invite chacun de vos lecteurs à regarder sa feuille d’imposition ou sa fiche de paie afin de se remémorer l’ampleur de la grande spoliation qui est à l’œuvre. Aujourd’hui, nos gouvernants préfèrent empiler les aides et les « chèques », creusant une dette déjà abyssale, plutôt que d’engager de véritables économies sur la dépense publique, valoriser le travail face à l’assistanat. Tous les partis proposent faussement de rendre un peu de leur argent aux Français ; nous sommes les seuls à proposer de leur en prendre beaucoup moins.
Leur prendre beaucoup moins d’argent ? Mais ces impôts servent à financer les services publics. Comment faites-vous ?
Les gisements d’économies sont nombreux : les dépenses sociales en France représentent 32 % du PIB, un record mondial. La politique de la ville, et son absence de résultats, nous a coûté 117 milliards d’euros depuis 2010. Que dire des subventions publiques aux syndicats, du régime des intermittents du spectacle ou de la « suradministration » ? En économie aussi il y a des tabous. Il est temps de les briser pour ne plus décourager nos chefs d’entreprise et les Français qui travaillent.