Tribune – Pour la victoire aux législatives, l’union nationale est nécessaire

Emmanuel Macron a été réélu. Le scénario que nous redoutions tous depuis des mois s’est malheureusement réalisé. Avec l’ensemble des cadres du mouvement Reconquête!, nous avions tenté de conjurer ce sort en appelant à voter sans condition, ni hésitation, le soir du premier tour pour Marine Le Pen. Le bilan désastreux du Président sortant ne laissait aucune place pour l’ambiguïté.

Nous pourrions chacun perdre notre temps à chercher des responsables, appuyer sur les erreurs commises, relever les occasions ratées, humilier les vaincus ou régler des comptes avec les concurrents, comme cela se fait bien trop souvent au lendemain des défaites.

Ou bien nous pouvons prendre un peu de hauteur et tâcher de construire plutôt que de détruire.

Une nouvelle campagne s’est ouverte hier soir : le 12 et 19 juin prochain auront lieu les élections législatives. L’enjeu consistera à donner les pleins pouvoirs législatifs à Emmanuel Macron ou à saisir l’opportunité historique de voir les idées nationales peser enfin à l’Assemblée nationale.

D’ores et déjà le Président se donne les moyens d’obtenir une majorité en coalisant dans un même bloc son parti LREM, une partie du PS, une partie des centristes de LR, Horizon et le Modem de François Bayrou. En parallèle, Jean-Luc Mélenchon espère prendre sa revanche et devenir Premier ministre, en rassemblant dans une même coalition son mouvement LFI, le Parti communiste, les Écologistes et le Nouveau parti anticapitaliste. Dans cette configuration, avec un camp national qui serait le seul à partir désuni, il y a de grandes chances qu’Emmanuel Macron remporte l’Assemblée et que le premier groupe d’opposition soit celui de l’extrême gauche…

Cette perspective glaçante devrait imposer à chacun de s’extraire des réflexes partisans ou des disputes personnelles pour essayer de servir l’intérêt collectif.

Le décompte des petites phrases blessantes, excessives ou mensongères durant la campagne ne peut décider de l’avenir politique des Français pour les cinq prochaines années. D’autant plus quand cette alliance du bloc national est plébiscitée par 74% des sympathisants du RN et 94% de ceux de Reconquête!

Durant la campagne, Marine Le Pen a usé contre Éric Zemmour d’anathèmes dignes de la gauche en parlant du « candidat de la guerre civile, entouré de nazis » pour tenter de se dédiaboliser par ricochet. Cela n’a pas empêché Éric Zemmour d’appeler à la soutenir sans hésitation au deuxième tour.

Sans que je ne réclame un poste quelconque, Marine Le Pen a rejeté par principe l’hypothèse de m’intégrer à son potentiel gouvernement, cela ne m’a pas empêchée non plus d’appeler à voter pour elle et de lancer cet appel au rassemblement.

Éric Zemmour, le soir du deuxième tour, a rappelé que Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen n’avaient jamais gagné sans insister en parallèle sur le mérite, réel,  que tous deux ont eu à mener le combat national.

Ce constat, que je crois pouvoir bien être la première à regretter, ne doit pas empêcher Marine Le Pen d’accepter l’union, seul moyen d’obtenir la victoire.

Pensons également à tous ces électeurs LR orphelins qui n’attendent qu’un signe d’espoir et non la mauvaise copie des déchirures de leur ancien parti qui ont progressivement conduit à son effondrement.

Nous ne pouvons continuer d’accepter que le camp national soit condamné à la défaite et se satisfaire de scores importants au premier tour. Le temps presse, la situation du pays l’exige : nous devons viser plus de 50% et en cela il y a manifestement une ligne, des méthodes et des stratégies à remettre en cause bien davantage qu’un nom.

C’était d’ailleurs l’objet de la candidature d’Éric Zemmour : proposer une autre ligne et une autre méthode que celle qui a, jusqu’à aujourd’hui, empêché la victoire.

En 2017, le FN d’alors avait travaillé sur un accord pour les législatives octroyant 100 circonscriptions aux candidats de Nicolas Dupont-Aignan. Cela n’aboutira finalement pas mais, pourquoi ce qui était alors possible, avec un candidat ayant obtenu 4,70%, des voix ne le serait pas aujourd’hui avec Zemmour qui a rassemblé près d’un million d’électeurs de plus ?

Soyons honnêtes, ceux qui se cachent derrière telle ou telle déclaration pour refuser l’alliance ne font que chercher un prétexte à l’indéfendable : passer à côté de l’opportunité de devenir le premier groupe d’opposition voire d’obtenir une majorité, même relative à l’Assemblée.

 Avec une coalition, le camp national uni peut espérer envoyer au minimum 148 députés à l’Assemblée et même viser la majorité relative. Sans coalition, il y a le risque d’élire à peine à quelques dizaines de députés qui n’ont aucune chance de faire passer des textes législatifs. Le choix est donc évident, sauf à ce que d’autres motivations moins glorieuses que la recherche de l’intérêt général ne prévalent. La défense des partis avant la patrie conduira au triomphe de Macron ou, plus terrifiant encore, à celui de Mélenchon qui rassemble le pire de la gauche woke, islamogauchiste et immigratrionniste.

On peut le regretter, mais aucun parti ne peut gagner seul dans nos institutions. Jean-Luc Mélenchon l’a bien compris en n’hésitant pas à tendre la main à des partis à 2%. Grâce à l’initiative d’Éric Zemmour, nous avons la chance aujourd’hui d’avoir plusieurs mouvements significatifs, aux électorats complémentaires qui, malgré leurs différences et leurs singularités, peuvent se rassembler sur l’essentiel en associant également des personnalités de droite refusant la compromission avec LREM. Cette situation était encore inenvisageable il y a un an.  Bien sûr cette alliance devra tenir compte du poids électoral de chacun et celui ayant obtenu le plus de voix en sera naturellement le chef de file, en l’occurrence Marine Le Pen. C’est une évidence que personne ne conteste.

Ne gâchons pas cette opportunité. Saisissons cette chance politique inédite et offrons enfin aux millions de Français qui l’attendent depuis si longtemps la représentation qu’ils méritent à l’Assemblée nationale.

Photo de Marion Maréchal

Marion MARÉCHAL,
Vice-présidente exécutive de Reconquête,
co-fondatrice de l’ISSEP