Tribune – Natalité et fraude sociale : les oublis de la réforme des retraites

TRIBUNE FIGARO VOX – Éric Zemmour, Marion Maréchal, Guillaume Peltier et Nicolas Bay expliquent pourquoi Reconquête! est favorable au report de l’âge légal à 64 ans. Mais, selon eux, il faut aussi s’attaquer à trois facteurs fondamentaux: la réindustrialisation, la démographie et la fraude aux prestations sociales.

Éric Zemmour est président de Reconquête!, Marion Maréchal, Guillaume Peltier et Nicolas Bay, en sont les vice-présidents.

Nous pensons qu’il faut bel et bien relever l’âge de la retraite à 64 ans. Il n’y a plus de doute: le financement de nos retraites est menacé. Ne restons pas les bras croisés devant le risque de ne pas pouvoir verser leurs retraites à ceux qui ont travaillé dur toute leur vie. Les Français tiennent à la retraite par répartition: ce système doit être sauvegardé. Nous défendons cette position depuis l’élection présidentielle, à l’époque où Emmanuel Macron n’avait encore rien proposé d’autre que sa complexe retraite universelle. Durant sa négociation, il a dû céder du terrain et se rapprocher des positions de Reconquête!.

Nous avions en effet fixé plusieurs corollaires: certains ont été repris par le gouvernement, d’autres méritent de l’être. Pour ceux d’entre nous qui ont commencé à travailler à 24 ans dans des professions moins pénibles que d’autres, dans lesquelles nous, signataires de cette tribune, nous incluons, il est tout à fait normal que nous travaillions davantage. À l’inverse, pour les longues carrières (ceux qui ont déjà complété leurs 43 trimestres) et pour les métiers pénibles (travailleurs soumis à des efforts physiques, au bruit, aux températures extrêmes, etc.), l’âge ne doit pas être relevé. Un travailleur qui a commencé à travailler avant 20 ans et aura cotisé tous ses trimestres pourra partir à 60 ans. Un ouvrier soumis aux trois-huit pendant de longues années cumulera toujours les points qui lui permettront de partir plus tôt, dès 60 ans, s’il a fait un métier extrêmement usant. Nous proposons également depuis 2021 des mécanismes pour éviter le licenciement des seniors. C’est le système de l’«index seniors» pour les entreprises, que le gouvernement a repris, afin d’empêcher que les personnes concernées par un report de l’âge légal soient mises au chômage.

C’est là que s’arrêtent nos points de convergence avec le gouvernement. Car, pour nous, les nouvelles recettes engendrées et une partie des économies réalisées par cette réforme (20 milliards d’euros en tout) doivent permettre de financer des mesures de pouvoir d’achat des seniors. Il est urgent de revaloriser les petites retraites, inférieures à 1300 euros par mois, en les exonérant totalement de CSG et de CRDS. Il en va de même pour celles des veuves et des veufs, en augmentant la pension de réversion de 54% à 75% de celle du conjoint décédé.

À plus long terme, cette réforme paramétrique nécessaire ne suffira pas à endiguer tous les problèmes de financement de notre système. Il faut d’ores et déjà s’attaquer à trois facteurs fondamentaux: la réindustrialisation, la démographie et la fraude sociale.

La réindustrialisation: il ne suffit pas de le dire pour le faire! Il faut cesser d’empiéter, encombrer, étouffer, asphyxier, écraser. Regardez les normes, les taxes et les impôts inventés par les bureaucrates écologistes: un immense dispositif qui dérègle les marchés, empêche la production de médicaments, complique le commerce, parasite la rentabilité, pourrit la vie des industriels, menace les entrepreneurs. Pendant la campagne présidentielle, Reconquête! proposait le plus de baisses de taxes et d’impôts, et les plus grandes coupes dans la jungle réglementaire française.

Nous défendons une réelle politique de natalité, qui peut seule augmenter le nombre de cotisants. Nos mesures fiscales, sociales et de soutien à la vie des familles (crèches, etc.) dynamiseraient la natalité française. En particulier, nous voulons que cette politique s’applique à la ruralité française, menacée depuis tant d’années par le déclin démographique. C’est le sens de notre bourse de naissance: 10.000 euros par foyer accueillant un nouvel enfant dans une commune rurale. Emmanuel Macron ne le fera pas, lui qui est persuadé qu’il résoudra tous nos problèmes démographiques par l’immigration. Il s’apprête d’ailleurs à le prouver en ouvrant encore davantage nos frontières pour les «métiers sous tension».

Ne nous interdisons rien: supprimons dès maintenant, en évitant 43 ans de «clause du grand-père», les régimes spéciaux qui ne se justifient plus et créent une réelle injustice sociale. Posons sur la table le débat sur l’ajout d’une dose de capitalisation à notre système, pour que nos retraites soient complétées par de la prévoyance et bénéficient de la croissance. Cela se fait déjà dans la fonction publique depuis 2003! Enfin, mettons fin en urgence aux abus, aux injustices et aux nombreuses fraudes aux prestations sociales. Un exemple parmi tant d’autres: selon la Cour des comptes, près de 8,4 milliards d’euros de fraudes ont été détectées dans le versement des prestations sociales à l’étranger. En concernant l’Aspa, cette aide de 961 euros qu’un retraité étranger de 65 ans peut toucher sans n’avoir jamais ni cotisé ni travaillé en France. Réservons les prestations sociales non contributives aux Français et affectons ces économies à l’augmentation des salaires et des pensions des travailleurs comme des entrepreneurs: qui peut accepter qu’un agriculteur français qui a travaillé toute sa vie dispose d’une retraite inférieure à un étranger qui n’a jamais travaillé en France? La réforme des retraites doit conduire à mettre fin à ces injustices et à protéger en priorité les Français. À ces conditions, il s’agirait d’une véritable réforme de droite, à la fois juste pour les travailleurs et respectueuse du travail de nos aînés.