Il faut que la lutte anti-drogues devienne une grande cause nationale et européenne !

Interview Marion Maréchal - La Provence - Plan drogues - Marseille

Interview avec La Provence lors de mon déplacement à Marseille

19 septembre 2023

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La lutte contre le trafic de stupéfiants, c’est la première ligne de votre campagne ?

Marion Maréchal : Comme Stéphane Ravier m’a invitée et vu la triste réalité des faits à Marseille, cette venue est l’occasion de présenter mon plan anti-drogues. C’est l’un des sujets prégnants dès qu’on aborde la problématique sécuritaire qui est essentielle. Il y a une accélération des violences liées aux trafics et on a atteint un point de bascule avec la mort d’une étudiante, victime collatérale comme des enfants avant elle. On n’y est pas encore, mais on prend le chemin de la situation en Amérique du Sud, où des organisations mafieuses mettent une économie en place. La gangrène s’installe et les cris d’alarme des policiers s’intensifient.

Vous avez justement prévu d’en rencontrer à Marseille…

Oui et ceux que j’ai déjà rencontrés m’ont tous expliqué que les renforts tels que la CRS8, même s’il ne faut pas la négliger, ne suffisent pas à lutter de manière structurelle. On est dans l’affichage, là où on a besoin d’enquêteurs au long cours. Il faut que cette lutte devienne une cause nationale.

Un peu, toutes proportions gardées, comme ce qui a été fait contre le cancer ou l’insécurité routière ?

Il y a l’aspect prévention, c’est vrai. L’Union européenne investit beaucoup dans l’information contre le tabac ou le cancer. On devrait faire la même chose contre la drogue pour protéger la jeunesse. On doit aussi adapter nos lois nationales. D’abord en facilitant la confiscation des biens et des avoirs des trafiquants. On le fait, mais c’est encore trop peu appliqué et à la marge. En Italie, les autorités tapent au portefeuille des trafiquants, même petits. Il faut aussi renforcer le délit de non-justification des ressources. Ce qui permet de confondre ceux qui ont un train de vie disproportionné par rapport à leur situation déclarée. Que ces confiscations automatiques deviennent un principe, non pas une exception. L’un des leviers de la lutte tient aussi dans la simplification des procédures pénales qui gênent le travail des enquêteurs.

Assécher l’offre me paraît plus efficace

Interview du 19 septembre dans La Provence

Faut-il taper plus fort sur les consommateurs ?

Tout est complémentaire, mais assécher l’offre me paraît plus efficace. Je m’étonne qu’il n’y ait pas, cependant, de graduation dans les amendes délivrées aux consommateurs. La doctrine américaine des trois coups, où la récidive est systématiquement punie de dix ans d’emprisonnement pour les trafiquants, marque les esprits. Ici, on en est encore aux simples rappels à la Loi.

Mais les prisons débordent…

Environ 25 % des places de prison sont occupées par des étrangers, jusqu’à 60 % à Nice. Or, souvent, les chiffres des trafics de drogues recoupent ceux de l’immigration clandestine. Il est nécessaire de mieux appliquer les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

La légalisation des drogues douces est-elle une solution ?

Je réfute le terme drogues douces. La concentration de THC dans le cannabis a fortement augmenté et les produits nocifs qu’on y ajoute sont particulièrement dangereux et addictifs. C’est criminel d’envoyer à la jeunesse le signal de drogues douces et festives. Et légaliser n’arrête pas le trafic, on l’a vu dans d’autres pays. Cela ne fait qu’établir un trafic parallèle. La réponse est dans l’autorité et la répression. Cela passe par le renfort de moyens technologiques pour vérifier les conteneurs dans les ports. Seuls 4 % d’entre eux le sont. A l’échelle européenne, il serait bon de créer une agence type Frontex contre ces trafics.

Vous étiez à Lampedusa la semaine dernière, où affluent les migrants. Qu’en retirez-vous ?

C’est un peu comme la drogue, dont le prix baisse quand l’offre est grande, parce qu’on la laisse entrer. La politique laxiste et attractive de la France incite les migrants à venir. Je compte sur les élections européennes pour faire basculer le rapport de forces au Parlement et additionner les voix des conservateurs, dont font partie les amis de Giorgia Meloni en Italie ou Vox en Espagne. Ensemble, nous aurons la capacité de donner une réponse collective forte.

Vous évoquez l’union à droite. Au RN, Jordan Bardella vous garde la porte ouverte…

L’union des droites est l’un des fondements de mon engagement politique. Je l’ai fait, parfois seule contre tous au RN. Nous l’avons demandé lors des législatives, sans succès. Je vois une inflexion chez Jordan Bardella. Je suis à disposition pour en parler, en incluant des gens comme Nadine Moreno, Julien Aubert ou François-Xavier Bellamy chez LR. Il serait logique qu’on puisse s’entendre sur l’essentiel, comme la gauche a su le faire. 

Resterez-vous à Marseille pour la venue du pape ?

Non. Nous n’avons pas les mêmes positions sur les questions sociales et migratoires. Je ne suis pas très à l’aise avec les déclarations du pape. L’Église n’a pas à se mêler de politique, ni dire aux états ce qu’ils doivent faire. Le pape n’est infaillible que sur le dogme.